Les filles et les garçons, tous égaux devant le phénomène de la glissade de l’été?
- Nathalie Chapleau
- il y a 1 jour
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Par Nathalie Chapleau, professeure à la Faculté d’Éducation de l’Université du Québec à Montréal
Dès les premières années de l’école primaire, les résultats des filles en lecture et en écriture se distinguent de ceux des garçons. Ces écarts traduisent des différences de développement, d’intérêt et d’environnement d’apprentissage. Plusieurs programmes éducatifs visent à réduire ces écarts, notamment en valorisant des lectures et des activités d’écriture qui correspondent davantage aux centres d’intérêt des garçons, ou en promouvant des modèles masculins lecteurs. Comprendre les causes multiples de ces écarts est essentiel pour mettre en place des stratégies pédagogiques plus équitables et adaptées à tous les élèves. Dans cette perspective, il est également pertinent de s'interroger sur l’existence de différences entre les filles et les garçons en ce qui concerne le phénomène de la glissade de l’été.
Comment expliquer les différences de résultats entre les filles et les garçons?
Les chercheurs attribuent en partie cet écart à des différences d’attitudes et de comportements face à la lecture. Les filles manifestent en général un plus grand intérêt pour la lecture et lisent plus fréquemment pour le plaisir que les garçons, ce qui favorise le développement de leurs compétences (Guthrie et Wigfield, 2000). De plus, les filles ont tendance à développer plus rapidement certaines habiletés langagières, en compréhension et en expression, ce qui leur donne un avantage dès les premières années scolaires. Du côté de l’écriture, l’écart est également significatif. Les filles présentent de meilleures performances en orthographe, en grammaire, en organisation du texte et en clarté de l’expression écrite. Des études suggèrent que des compétences telles que l'attention, la persévérance et l'organisation, souvent plus développées chez les filles, peuvent jouer un rôle dans leur réussite en lecture (Fitzpatrick, 2011; Walker et al., 2017). Ainsi, les intervenants doivent tenir compte de ces résultats afin d’amener les garçons à développer leurs compétences à lire et à écrire des textes variés.
Certains chercheurs insistent également sur l’importance des normes sociales et des stéréotypes de genre. Les représentations sociales associées à la masculinité comme l’idée que les garçons doivent être actifs, compétitifs et peu portés sur les activités "calmes" peuvent freiner leur engagement dans ces domaines. Ces stéréotypes peuvent affecter non seulement la motivation des garçons, mais aussi la manière dont l’école adapte ses pratiques pédagogiques (Fize, 2003).
Pour la glissade de l’été, est-ce que cette différence est observée?
Dans le cadre du projet LIAM, nous avions 21 filles et 21 garçons qui ont effectué les activités de lecture interactive et d’apprentissage durant cinq semaines pendant la période estivale. Selon les résultats à l’évaluation de la fluidité en lecture de texte, autant pour les filles que pour les garçons, les activités de littératie ont permis de maintenir leurs apprentissages (voir figure 1).

Puis, l’analyse des résultats au test de vocabulaire révèle que les activités ont favorisé le développement du volet réceptif (connaitre les mots) et celui expressif (utiliser les mots) autant pour les filles que pour les garçons (voir figure 2). Les moyennes des résultats après les interventions se différencient, et ce, de façon significative, puisqu’elles sont supérieures comparativement aux moyennes obtenues avant de commencer le projet. Donc, le phénomène de la glissade de l’été peut être contré autant auprès des filles que des garçons par des activités ludiques et stimulantes en littératie.

Comment aider mon enfant à la maison?
Les parents jouent un rôle essentiel pour encourager les filles et les garçons à lire et à écrire. Ainsi, ils peuvent proposer à leur enfant des lectures qui correspondent à ses goûts, qu'il s'agisse de sports, d'humour ou d'aventures. Ils peuvent également lire avec leur enfant, même si ce n’est que quelques minutes par jour. Un conte, une bande dessinée, un article de journal, tous les types de support sont pertinents. Il est aussi important de stimuler l'écriture au quotidien, comme en tenant un journal de vacances, en rédigeant des listes ou en envoyant des cartes postales. Enfin, les parents peuvent donner l’exemple en lisant et en écrivant eux-mêmes, montrant ainsi que ces activités ont de l’importance.
En résumé Selon des résultats d’études (par exemple, PIRLS, 2021), les filles réussissent souvent mieux en lecture et en écriture au primaire, mais ces écarts s’expliquent par des habitudes, des capacités distinctes et des attentes sociales. Avec du soutien à la maison, les garçons peuvent eux aussi progresser et prendre goût à la lecture et à l’écriture. La période des vacances est un moment opportun pour valoriser les activités démontrant l’utilité de ces compétences, mais surtout, le plaisir de lire et d’écrire avec un parent. L’important, c’est d’encourager chaque enfant selon ses besoins et ses intérêts. |
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